jeudi 16 août 2012

La Transylvannie

1 aout: Salicea - Cucerdea
DJ: 98 km
DT: 2149 km

2 aout: Cucerdea - Bradeni
DJ: 96 km
DT: 2245 km

3 aout: Bradeni - Cartisoara
DJ: 65 km
DT: 2310 km


Sur cette route qu'elle est pas belle et hostile a nos bicyclettes et ben on avance archement vite. Et tu sais pourquoi? C'est parce que le vent et ben y nous pousse au cul. Mais a tel point qu'on se voit pousser des ailes. En trois heures on a fait nos cent bornes. Balaise non? Alors nous, on est tout content. Satisfaits de notre acte heroique du jour. On est pret a conquerir des montagnes. On est tout plein d'euphorie que les muscles, et té, on les sent meme plus.
La conscience apaisée grace au travail accompli, nous quittons la nationale 15 juste apres Lemut, en direction de Tarnaveni. Et c'est la que nos demons nous rattraperent. Devant vous tous nous allons expier ce qui nous poussa a commettre l'irreparable. Dieu nous en soi temoin, euh... Dieu nous en soi temoin.
Pas encore tout a fait rassures depuis notre passage a la frontiere et vraiment agacees par les mines faussement eplorees des gitans nous tendant a la main, nous restions sur la defensive. Le coeur encore battant de l'effort que nous venions de fournire, l'euphorie pouvait a tout moment degenerer en violence dramatique. A present eloignes de l'axe principal, nous nous sentions davantage libres, delies des lois des hommes, revenus a celles de la nature et de l'instinct.
Et l'histoire se repeta avec la recurence chere a Francis Cabrel, lorsqu'il chante avec verve: ''Ca continue encore et encore''.
Le soleil, comme a son habitude, reglé  comme un fonctionnaire, entamait son debrayage progressif jusqu'a la couche de sa bourgeoise: Ligne d'horizon. Ah! En voila encore deux qui fricottent a tire-larigot dans l'ombre de la terre. Et tou les jours ils se presentent de la meme maniere, la gueule enfarinee, faisant style: " Nous? Mais on ne se connait pas!" Et tous les matins on les voit se separer d'un baiser ondoyant. Jamais au meme endroit. Bonobo! Goujats! Bande de depraves.
Donc, pendant que cet astre de jour, dans sa lubricité  et le rayon concupiscent s'appretait a prendre congés du monde, nous, nous roulions vers des paillasses moins excitantes mais toutes aussi convoitées apres une dure journée de pedalage. Les ombres des mais environnants s'allongeaient, dessinant sur la route des zebrures qui constituaient la seule fantaisies des ouvriers de la route que nous etions. Et hop, un p'tit coup a gauche, et hop, un p'tit coup a droite. Et bing dans un nid d'poule et bong, dans un autre. Mais il est ou l'bitume?
Nous entamions les discussions legeres et ordinaires de fin de journee. Ce jour la je crois qu'il etait question de l'essence synallagmatique des conventions de la lex mercatoria dans le droit issu du Breviaire d'Allaric. C'est donc presque distraits que nous bavassions, lorsque, l'evenement evoqué plus haut survint.
Comme deux semaines plus tot, un corps etranger se posait sur cette grosse chaudasse de Ligne d'horizon. Quelque chose qui nous barrait la route. Le palpitant a 200 et le courage raffermit par notre experience de 15 jours en Roumanie, il n'etait plus question ni de trembler ni de reculer contre l'adversité. Alors, tels Hector dans ses derniers souffles de vie, tels le Colonel de Gaulle a la tete du 507 eme regiment en 1939 ou encore tels Leonidas harangant ses spartiates pour qu'ils jettent leurs denrieres forces vives dans un combat perdu pour la vie mais bel et bien gagne pour l'histoire et l'honneur... nous courbames l'echine, appuyames un peu plus encore sur nos manivelles. Le vent se fit sifflant sur nos fronts transpirants. Nos mains se contracterent sur les poignees. Nos yeux se plisserent. Nous n'etions plus que volonte. Imperturbable et devastatrice. Sur nos visages plus d'autre expression que celle dessinee par nos maxilaires contractees a briser de l'acier. Nous etions le vent. Nous etions force. Nous etions cosmogoniques.
Pour autant, notre ennemis ne se desarmait pas. Il nous obstruait le passage. Oh! Comme il etait puissant et furibond. Il appartenait une nouvelle fois a la gens gitanus monayus. Le cheveu dredu de crasse, loqueteux. Notre ennemi, molusque organique composé de plusieurs cellules distinctes. Quoique petites, nous ne devions pas nous laisser berner par l'apparence de l'adversaire. On ne se laisserait pas  foutre a poil une seconde fois.
Certes nous n'avions affaire qu'a des mini gitans. Presque liliputiens. Ben quoi? On ne peut pas tout le temps avoir des attitudes nobles. C'est ca la guerre vous savez. Il y a toujours des innocents qui paeint pour les querelles des puissants. En l'occurence, ils etaient pas tout a fait innocents puisque c'etait des romano. Le mal et le peche est intrinseque a ces gens, meme enfants. Alors gnomes ou pas nous etions comme "150 fils de putes qui chargent a brides abattues".
L'ennemi se rapprochait. Attentiste, notre manoeuvre le paralysait. Nous poussames de puissants cris. Nos montures rutilaient sous les pedi-watts que nous lui transmettions via la plante de nos pieds crispes a la maniere des Na'vi. L'oeil de l'ennemi se decomposa. Peur, incredulite, instinct de fuite. Nous sonions presque l'hallalie lorsqu'une manoeuvre maladroite rompit l'ordre de bataille. Nous fumes deconcentrer le temps d'un eclair. Et l'ennemi, chapardeur par fonction, entama une esquive (la meme que fait faisait Ryu dans Steet Fighter 3 quand on appuyait sur a+b+z). Prompt, il se retrouva derriere nous alors que nous relevions les yeux.
Et l'autre, il m'a piqué mes drapeaux. Mais... C'est pas du jeu.

Et voila comment nous dumes monnayer l'armistice afin de retrouver nos etandards subtilises adroitement par cet gredins de guerriers! Comme deux... touristes usurpes, nous nous retrouvions entoures d'une bande de petits tziganes entre 5 et 13 ans nous demandant unanimement: "money, money". Et cette fois, ils eurent ce qu'ils demandaient. Cela nous permis de faire revenir le fuyard, de recuperer les drapaux, et de repartir, songeurs.
En Roumanie, face aux gitans, meme petit, file doux.

5 km plus loin nous posions notre tente sous une lune pleine, accompagnés par le chant d'un coucou en train de draguer une coucou. Qui les rendait si hardis de troubler nos penses de perdants en cette nuit de defaite? Aller, tiens, un baton dans ta face. C'est cruel, mais ca soulage.

                                                                     *               *
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Quitter la nationale,  c'est abandonner la plaine et aborder les mileux collinaires de la Transylvannie. Ce sont d'abord de grands champs de mais qui occupent la quasi totalite du relief. Puis, celui-ci s'eleve un peu et l'agriculture cede la place a l'elevage et la foret. Et, par-ci, par la apparaissent les villages saxons.
En effet, durant le Moyen-Age, le Saint-Empire Romain Germanique envoya des chevaliers teutoniques et saxons defendre ses frontieres orientales contre les invasions tatares et ottomanes. La Transylvannie etait de ces frontieres. Les colons apporterent avec eux leurs traditions et notamment leur savoir-faire en matiere de construction.
Jusqu'ici les maisons etaient couvertes de toles ou de tuiles de plastiques. Les maisons saxones sont recouvertes de tuiles ecailles en terre cuite. Cela confere une unite nouvelle aux villages. Et, bien qu'ils restent pauvres, l'atmosphere que degage cette harmonie architecturale est agreable. Nous la ressentons tous les deux en traversant le village de Bagaciu. Desormais, il sera courrant de voir sur notre route des Eglises fortifiees. Nous auront la chance de visiter celle de Bradeni, guides par la gardienne des lieux et accompagnes de Greg et Christina, nos hotes d'une nuit.


Nous avons connu la famille Moga grace a David, un ami de France, barroudeur, berger, appiculteur, artiste peintre, potier, entre autres choses. Greg est directeur de l'ecole du village; il est aussi professeur de francais notamment; a la maison il s'occupe de la culture du champ, du potager, du verger, de l'elevage de tous les animaux ( vaches, canards, poules, abeilles). Agriculture familiales et vivriere qui permet a la famille ( Christina, Greg et leur trois fils) d'etre quasiment autonomes toute l'annee ( ils achettent la farine et l'huile).Il est accompagne dans toutes ces taches par Christina qui est educatrice de formation. Elle travaille aussi a l'ecole ou elle donne des cours. Elle s'occupe du CDI, qu'ils ont cree eux-memes. Dans le cadre domestique, elle s'occupe aussi de l'exploitation familiale et surtout de la transformation des differentes productions. Ils sont secondes dans tout ceci par leurs trois fils et par la Maman de Christina.
Deux heures tout juste avant que nous arrivions, l'une de leurs deux vaches avait vele. Et devant nos yeux, deja debout apres seulement 120 minutes d'existence, le petit veau apprit pour la premiere fois a teter sa mere, un peu aide par Greg. Ce fut emouvant pour la famille. Les vaches sont des allies importants et l'attachement entre la bete et l'Homme est sensible.
Comme Greg et Christina parlent tous les deux tres bien francais ( Greg grace a sa formatoin et Christina grace a Paris Match et un faible qu'elle n'explique pas pour la langue francaise), nous avons pu beaucoup discuter de sujets varies, surtout a l'occasion de la visite guidee du village.
D'abord donc, l'Eglise evangelique fortifiee du XIII siecle. Comme becoup d'Eglise saxonne du meme type, elle avait pour fonction de servir de bastion en cas d'attaque. La population du village pouvait s'y abriter et se nourrir le temps necessaire pour faire face a un siege de courte duree. C'est pourquoi on trouve un puit dans l'Eglise elle-meme. A cote, dans une tour attenante, se trouve le garde-manger. Sur plusieurs etages il ya des saloirs et des pieces remplies d'etranges coffres en bois ouvrages et peints. Chaque famille disposait ainsi de sa reserve de victuailles renfermee dans ces coffres. La charpente est magnifique et exceptionnellent bien conservee ( malheureusement, comme toutes les photos de Bradeni, celles de l'Eglise ont ete effacees suite a une erreur de manipulation).
Nous allons ensuite rendre visite a des familles tziganes. A Bradeni, elles representent 70% de la popupaltion. Leur integration, a travers l'ecole notamment, est une des missions que la famille Moga s'est fixee. Grace a un programme d'insertion voulu par le gouvernement, certaines familles disposent de maisons neuves. Si les factures sont reglees en temps et en heure, si les l'hygiene des lieux reste correcte, les familles occupantes pourront acquerir les lieux au bout de 4 annes d'occupation. Et pour le moment, a Bradeni, ca fonctionne.
Nos cicerones nous montrent ensuite leur ecole. Une ecole ordinaire. Quoique chaque classe a son poele a bois et son tableau noir. Grace a l'activisme de la direction, les 200 eleves beneficient egalement d'une salle de Gym et d'un CDI, avec canape, s'il vous plait, pour pouvoir regarder des DVD. C'est dans la fraicheur de ce CDI que Greg et Christina nous confierons les difficultes qu'ils ont a exercer correctement leurs missions d'educateurs au sens large.
Le President Roumain, Basescu, pense l'education inutile et couteuse. En consequence, l'education est l'institution la plus faiblement budgetee... avec la sante. Les professeurs ont des salaires tres bas (250 Euros).  De nombreux postes ne sont pas pourvus. Pour avoir une femme de menage, Greg a du la payer avec ses propres deniers. Mais ils prennent les difficultes au jour le jour. Ils ne sont guere optimiste en l'avenir. Resignes mais neanmoins tout entiers engages. Ils deplorent la fuite des diplomes.
Le village de Bradeni n'a pas l'eau courante. Apres la Revolution de 1989, les conduites ont ete volees. Depuis rien a ete fait. Ou plutot, un maire verreux et corrompu a empeche le developpement de la ville. A chaque projet il ponctionnne d'une part leonine les financements alloues. C'est ainsi que sans 100 000 Euros de l'Union Europeenne (une fortune en Roumanie), donc de vous et moi, destines a permettre la creation d'un parc publique, a ete engloutie par ce gougnafier. En guise de parc, une dizaine de pauvres plate-bandes d'herbes tuees par la secheresse qui sevit cette annee partout en Roumanie. Et l'Europe n'a pas controle un seul moment l'usage des fonds alloues.
En Roumanie, si le peuple souffre, allez voir du cote de ses politiques qui se gavent.
En Roumanie quand le peuple souffre, il encaisse et il patiente. Sauf en 89. Et encore!
La secheresse n'a pas empeche Christina de tres bien nous recevoir. Tout est fait maison. Et tout est bon. Nous avons partage tous les repas en famille sur la nouvelle terrasse amenagee pour accueillir la nouvelle piscine. Mais il faudra attendre une annee plus clemente en precipitation pour la sortir! Avec Greg et les garcons, nous avons ramasse les foins. Et hop de nouvelles ampoules.
On retiendra de notre passage a Bradeni, l'accueil, la gentillesse, et la sagesse d'une famille francophile. Merci encore pour tout et pour le pot de miel!


Parmi tous les sites saxons, le plus incontournable de Roumanie est sans doute la ville medievale de Sighisoara. Nous la visiterons rapidement. Ce que nous en retriendrons? Une partie de tarrot avec trois francais en vacances. Des prix a nous faire regreter d'etre touristes. Mais aussi une citadelle fortifiee qui, avec quelques efforts de ravallement serait d'exception. Des tours de guet charmantes. Des escaliers couverts en bois. Bref, c'est chouette, allez-y.

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Quelques collines encore, quelques villages saxons et nous plongeons dans la plaine de l'Olt avec les Carpates en lignes de mire. Nous partagerons les dernierds kilometres qui doivent nous deposer aux pieds de celles-la avec Ioan, un cyclistes qui se fait 300 km en deux jours, pour se detendre. Arrives a Cartisoara, nous campoms, prets a en decoudre le lendemain avec la route tranfagarasan et son col a 2000 m, le plus haut de Rounanie.






7 commentaires:

  1. Toujours autant de blabla mais pas de meuf : vous faites exprès ou quoi ?

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  2. dans le hit parade des photos drôles, je mettrais à égalité :
    Olive en 5 ème cornichon...
    Nico en 3 ème mendiant... et Nico à la traite
    Olive et Nico très rapprochés sur leur cygne, et l' éclat de rire qui a suivi ..
    et pour les plus belles : le vol de pélicans , les belles églises en bois et les beaux sourires de ceux qui vous ont étés proches.
    et voila

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  3. Ce sont des fumiers qui écrivent à ma place (le hobbit et la gadoue pour ne pas les citer...). Evidemment, je n'aurai jamais osé écrire ça!
    Bon, j'espère que vous allez bien! Et les meufs? Elle sont où?
    Le stup!

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  4. Mais quelle classe dans vos aventures! Vous êtes mes bonobos voyageurs préférés!

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  5. Salut les 2 compères!
    J'ai bien aimé dans votre récit cette petite parenthèse sur les réalités eco-politico coruptivo du système Roumain.
    Flo.f

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  6. Et ils ont même réussi à parler du Bréviaire d'Alaric... Impressionnée ! Je me disais aussi que le stup n'aurait pas signé cyril, ça m'étonnais. Bande de singes !

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  7. J'adore le vélo. C'est pour moi le meilleur moyen de faire du sport tout en se faisant plaisir. Votre séjour était bien rempli. Bonne continuation à vous.

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